Cendre

Non-naissance

lundi 1 août 2016 à 10h26

La mienne n’a pas de nom. J’étais 8 ans plus jeune que toi. Elle n’était probablement pas viable vu que le gynéco s’est trompé de plusieurs semaines d’après mes calculs (enfin, ces calculs tellement fiables que j’étais persuadée d’être hors zone de risque de bout en bout. Je n’avais pas idée de l’hyper-fertilité des jeunes filles.)
Cela m’a toujours aidé, de considérer qu’elle était pas viable. Ma mère, médecin, m’a rassuré avec ça (un conte peut être ? ), que c’était très courant, que le premier embryon provoque un avortement spontané.
Le mien s’est quand même fait sous anesthésie générale. ça a été très rapide. 15 minutes, m’a dit un infirmier quand j’ai demandé mais je ne l’ai pas cru, ce n’était pas en accord avec le dérèglement de mon horloge biologique.
En tout cas, j’ai beaucoup moins saigné, moins souffert que ma sœur. J’ai réagit plus vite, aussi. C’était plus facile, elle avait ouvert la voie.
A l’époque, il me semblait tellement évident que c’était une bonne chose, que la prochaine fois en serait facilité, que ce serait la bonne. Il suffisait de trouver le père !

Des pères, j’en ai trouvé trois.
Celles qui ont un nom, c’est celles que j’ai pu rêver avec eux. Chloé et Vesper.
Chloé a 18 ans maintenant. Je me suis habituée à sa présence.

Son père repasse dormir chez moi à la fin de l’été. Je crois que l’idée de reprendre notre projet d’adolescent l’a effleuré.
Je crois que je n’en voudrais pas.
Je crois ? tiens, j’étais beaucoup plus ferme en juin.
C’est sa petite sœur que t’as pas digéré encore ça ?

Quand à Vesper, si on compte le temps de grossesse, et qu’on ajoute quelques tentatives de conception (il est loin, le temps où ça prenait même quand j’en voulais pas), elle vient tout juste de non-naître.
Premier Août 2016. C’est une jolie date de non-naissance, non ?

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Je t’avais dit que j’allais me remettre à écrire.
Il suffisait juste pour cela de te lire.

Merci.

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