Cendre

Que vaut une minute d'un directeur ?

jeudi 23 août 2018 à 10h22

Mon directeur est rentré de vacances.

Je suis toujours un peu guindée en sa présence. Y’a une aura. Comme si on lui devait déférence. C’est le directeur quand même !
Sauf que non. Je vais lui refuser cette déférence. Au CA, j’ai la même place que lui. Face à nos tutelles.

Mais mon refus tombe à l’eau à chaque fois qu’on se croise.
Parce que cette déférence, j’en ai peur, n’est pas celle qu’il demande, seulement celle que d’autres collègues lui apporte.
Du coup, mon attitude ne semble pas lui manquer de respect.
J’ai au moins deux collègues qui pensent que je manque de respect à mes chefs en général ; mais mes chefs, de mon responsable à mon directeur, aucun ne relaient cette information de manque de respect potentiel, ni verbal, ni non-verbal.
J’ai toujours un doute. Plus on monte, plus on acquière des capacités politiques, dont, et ce n’est pas une des moindres, celle de ne rien laisser paraître.
Comment savoir ?
Bref.
Je ne souhaite pas montrer de déférence pour mon directeur.

Pas de familiarité non plus, d’ailleurs. Je vais pas lui demander comment étaient ces congés. On est adversaire parfois alliés, pas potes. Chacun sa place, non ?

Donc, on s’est juste serré la main, et il sort de mon bureau pour manipuler l’imprimante.

Et là, j’ai vu.
Le comportement que je n’ai pas.
C’est un autre collègue qui lui a donné :
Il lui a demandé comment se sont passé les vacances.
Et il a voulu l’aider sur l’imprimante.

Mon directeur esquive la première question (très phatique, somme toute), essaye d’expliquer qu’il va s’en sortir tout seul pour l’imprimante, qu’il doit juste retrouver comment ça marche.
Mais mon collègue est à son service, va lui faire à sa place.
Sentiment que la minute d’un directeur vaudrait plus que sa minute à lui.

Et vérifier du coin de l’œil (et de l’oreille), l’attitude de mon directeur. Non. Il ne considère pas pour acquis qu’on lui doit déférence. Au contraire, même. Mais il fait avec, il va pas s’opposer non plus à la gentillesse du coup de main (même non demandé).

Mon directeur est mon adversaire politique, et comme un aiguillon, je ne serais jamais contente, je trouverais toujours des éléments à lui reprocher. Pour faire encore mieux.
Mais je dois reconnaître que le faible attrait qu’il a pour la division du travail me plait. Beaucoup.
Quand il explique qu’il a cherché à valoriser le travail de chacun dans le rapport d’activité, c’est pas juste de la com'. C’est réel.
Mon directeur d’agence ne serait rien sans les agents qui la font tourner. Il le sait. ça en fait quelqu’un de bien à mes yeux.

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Toutes les minutes se valent.

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