Cendre

Je le sais d’autant plus que je suis descendue, je suis retournée auprès de moi, moi seule, là où plus personne n’existe autour de moi, là où je ne suis plus qu’une intelligence artificielle programmée pour répondre aux stimuli de l’environnement, là où je n’ai plus de libre arbitre, là où je ne vis plus, ne suis plus vivante, n’existe plus en tant qu’individu intelligent-conscient.

Je suis descendue dans ce brouillard, ce mode robot, où je déroule ce qui a été prévu à l’avance mais ne suis plus capable d’aucune initiative, d’aucune prise de décision, où je ne désire plus rien, ne ressent plus de plaisir.

Et pourtant, comme dit Amélie Nothomb* (que j’ai rendu, c’est malin, je vais devoir citer ça de tête)
Le plaisir, c’est moi
Je vis parce que je prends plaisir.
Et plus exactement.
Je vis parce que j’aime.

Et je suis amoureuse.
Raide dingue amoureuse.
Pour la quatrième fois de ma vie.
Ça fait un petit temps que je le sais, mais l’amour est un sentiment impermanent par définition, qui peut aller et revenir.
Et de le serrer contre moi, cet Amour, sentir son cœur battre à l’unisson avec le mien, le sentir rayonner au travers de moi, de Nous, cette bulle de tendresse, de complétion.

Alors y aller.
Ne pas renoncer à l’effort.
Être digne de sa confiance.
Qu’il puisse compter sur moi.
Je dois évoluer pour qu’il puisse compter sur moi.

Note : on retrouve pas mal de choses sur Internet, cette mémoire externe :

Amélie Nothomb, La métaphysique des Tubes, le réveil de la Plante.
La volupté lui monte à la tête, lui déchire le cerveau et y fait retentir une voix qu’il n’avait jamais entendue :
- C’est moi ! C’est moi qui vit ! C’est moi qui parle ! Je ne suis pas « il » ni « lui », je suis moi ! Tu ne devrais plus dire « il » pour parler de toi, tu devras dire « je ». et je suis ton meilleur ami : c’est moi qui te donne le plaisir.
Ce fut alors que je naquis
[...]
- Le plaisir est une merveille, qui m’apprend que je suis moi. Moi, c’est le siège du plaisir. Le plaisir, c’est moi : chaque fois qu’il y aura du plaisir, il y aura moi. Pas de plaisir sans moi, pas de moi sans plaisir !