Cendre

Addiction

lundi 11 mai 2015 à 11h46

J’affiche ce journal comme étant celui d’une polyamoureuse, et j’y ai jusque maintenant décrit toutes mes expériences de cordes. Je vais continuer, parce que c’est rassurant de savoir que toutes mes réflexions à ce propos sont là, mais c’est "juste pour moi", en quelque sorte.

Vendredi, je suis retournée voler au Plan Chat.
Un seul vol, cette fois, mais une très belle promenade au sol en introduction.
Un shoot comme je n’en avait jamais vécu.
Le plus proche, ce sont mes 16 ans, à Maisons, moi qui ne fumait pas alors, Arthur m’avait m’avait rassurée « T’inquiète pas, il n’y a pas de tabac ! Uniquement de l’herbe !  »

Suspendue, mes mains me sont méconnaissables. Fourmillement ou picotement, je ne saurais qualifier. Je le dis à mon gréeur (qui s’en inquiète, immédiatement, j’aime tant sa réceptivité), tout en lui montrant qu’il ne peut y avoir aucun danger : tout le poids est sur la taille, sur la jambe pliée, un peu sur sur deuxième pied. Mes mains sont croisées en câlin sur la poitrine et bougent comme elles veulent : aucune tension sur le torse. Et pourtant, mes mains sont méconnaissables.
C’est alors que je fais le rapprochement : un truc dans mon sang ou ma lymphe a transformé toutes mes perceptions, et les mains, extrémités les plus fines, sont les premières en m’en informer.
Je suis complètement shootée, sans aucune substance externe. Pur endo. Pur Bio.

Mais ça fait bien longtemps que je sais que bio ne veut pas dire bien.
Tu peux engraisser ton champs au purin d’ortie (très bio), si tu en mets trop, tu balances trop de nitrates dans la rivière d’à coté et tu la tue aux algues pareil qu’avec un engrais pas bio.
Donc, les cordes, c’est bio, mais ça peut être excessif quand même.

Sauf que ce soir là, j’en avais tellement besoin. Et cela m’a fait tellement de bien !
Décompression nerveuse, j’ai laissé passer les sanglots, les larmes couler. Eole, toujours fidèle à lui même, une main sur mon visage, l’autre sur ma hanche, me transmet son calme. Il a encore le contrôle, même si une couverture a remplacé les cordes, il me calme très vite.
Je l’aime tellement pour ça. Sa fiabilité, sa fidélité, dans sa liquidité même. Le tout sans un seul geste de travers…

Sauf que, vu comme j’allais émotionnellement très mal, jamais je ne me serais autorisée aucun psychotrope. J’ai trop peur de l’addiction. Jamais quand on va mal, parce qu’après, la tentation d’y avoir recours à chaque coup dur de la vie s’affirme et se renforce, augmentant le risque que, par accoutumance, cela ne suffise pas et incite alors à augmenter les doses.

Spectacle samedi soir, où, visiblement, on en remets systématiquement une dose. Moi, à leur place, je serais déjà dans les limbes, mais elles en demandent encore...
Réflexion en cours avec le Chat Noir sur la sur-enchère.

Réflexion avec le grand John sur la sexualité vanille, qui devient alors tantrique. (cette alternative me plait beaucoup)

...

Chat Noir a trouvé la marque sur ma hanche moche.
Et malheureusement, il n’est pas assez à l’aise avec tout ça pour accepter tranquillement que ce soit dans ce domaine là que j’ai trouvé mon réconfort.
Discussion épuisante dimanche matin sur les portées probables de mon élan dans cette direction.
Et en même temps, j’étais tellement heureuse de partager avec lui, samedi soir, un échantillon de mes shoot que j’avais pris jusqu’à présent sans lui.

La vie continue, même si mes rêves sont brisés.
Rêves dont j’avais à peine consciente. Je dois ramasser les bouts au sol, reconstituer les images, pour comprendre à quoi ils ressemblaient avant d’être fracassés. On me demande ça (Caille en particulier, le demande), mais manipuler les bris me brise toujours un peu plus.

J’ai mal et j’ai envie de retourner dans des cordes.

Me voici droguée…

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