Cendre

Célibataire en fonction des lieux ?

mardi 21 mars 2017 à 13h02

Blague à mon bureau ce matin.
Guyguie nous dit qu’elle est grand mère, depuis février. Elle nous raconte ce petit prématuré qu’elle a pas encore pu toucher, mais qui est sortie d’affaire maintenant.
Et elle dit, en rigolant, qu’elle sera grand mère que là-bas, parce qu’ici, elle reste jeune, quoi.
Et notre Jojo de répondre « ça marche aussi pour le célibat ?  »

Gaudriole, ça rigole, les filles dans les ports, pas dans la même ville. Je glisse un « bah faut juste que tout le monde soit au courant » que personne ne reprends. Le rouge me monte aux joues, un peu, pas trop : j’ai pas peur du jugement de mes collègues ; je constate même que je vais pas très souvent à Lyon, vu les aimés que j’y ai.

Aimés.
C’est vrai que ce mot là existe. Et qu’il est moins chargé de connotation d’engagement que amoureux.
Faut dire que je l’ai donné comme nom à AM et à Bob, alors, ça aide pas à l’utiliser en générique ! ! !

Voilà, au final, ce que je suis : Célibataire en fonction des lieux.

J’ai un amoureux de Belgique, dont l’énoncé, avec la distance qu’il intègre, indique bien qu’il peut pas prendre une trop grosse place dans ma vie.
Et autour, j’ai des satellites. Des gens qui vont, qui viennent.
Des gens avec qui je mélange pas.

Le plus présent, ça reste Tytsen, en fait. Celui que j’appelle le plus. Celui que je suis capable d’aller voir un soir sur un coup de tête, avec qui on travaille.
Mais là, c’est moi qui mélange pas.

Quand à mon techo, mon anarchiste.
C’est lui qui mélange pas.
J’ai eu du mal à le présenter comme « un de mes amoureux »  : j’aurais pas du me forcer ; il ne l’a jamais été.
Il m’a dit en clair qu’il est pas polyamoureux. Qu’il veut pas se partager, qu’il est mal à l’aise quand on est toutes les deux, qu’il est entier, se donne en entier, et qu’on est trop différentes (et que ça sera toujours le cas puisque le multiple n’a de sens pour lui que s’il apporte des choses très différentes)
Il faut que je renonce donc à mon idée de vivre avec lui : il en veut pas.
Je n’aurais jamais que des fragments de sa vie. De gros fragments. Mais fragments.

Amertume. Il change pour elle. Parce qu’il la fréquente beaucoup quand même. Et qu’il est bien possible qu’il minimise cette influence. Je découvre ainsi qu’il a passé 4 nuits de suite avec elle. ça doit le mettre mal à l’aise, quelque part quand même. Parce qu’il m’en a informé au compte goutte, les unes après les autres, un peu au forceps (le dimanche soir de longue date ; le vendredi soir quelques jours avant quand je lui demande ce qu’il fait après le concert ; le samedi journée, je le déduis de leur conversation du soir ; le samedi soir/dimanche journée comme cause d’indisponibilité donnée le dimanche ; le lundi soir parce que je lui pose la question dimanche...).
Et qu’en face, il me promet deux jours de rando, puis trois, puis quatre. En avril avec reprise en mai si c’est Ok. Y’a comme un compteur, là, pour rétablir quelque chose.
Alors, de mon coté.
Faire l’inventaire mais renoncer à la comparaison. Il le dit assez clairement : on ne lui apporte pas du tout la même chose. Elle est un ovni comme lui, du même type. Elle lui fait ce qu’il fait d’habitude aux autres (ce que je sais assez extraordinaire pour scotcher quand même). Elle a cet énoncé affirmatif, de savoir ce qu’elle fait, et de structurer le réel autour d’elle qui fascine, par ce que j’interprète comme un mélange d’intuition et de conviction.
Par ailleurs, elle sait s’intégrer à ce qu’il fait, l’intégrer à ce qu’elle fait.
De ça, je suis jalouse. Qu’elle le présente à ses amis, sa famille je crois ; je serais curieuse de savoir comment elle en est venue à aller au saut à l’élastique avec Cristal.
Mais j’imagine que c’est un truc comme ça : il intègre son énoncé au sien. Et quand ça match les choses se font. Réalité déclarative.

Comme je les envie ! !

Que je suis incapable de réaliser.
Mes rêves ne se réalisent pas parce que je les énonce, malheureusement.
Et compter les étapes de mon deuil.
Choc, dénis, quand on a commencé à parler « dépendance affective »
Colère sur le manque d’information, parler de la jalousie que mon incompréhension engendre (pourquoi soudain cet empressement à aller voir un doc ?).
Marchandage, quand j’essaye d’avoir les infos quand même, jusqu’à demander le partage de son agenda.
Dépression : les larmes qui coulent.
Les gros sanglots dimanche matin, entre les deux jours de Gorgone, sur le mode « j’ai pas envie, je suis nulle, ça sert à rien tout ça, vanité »
L’effondrement mercredi soir, avec cette impression qu’il m’en demande toujours plus, que c’est pas assez pour lui. « tu m’en demande trop ».
Larmes silencieuses dimanche soir : « je vais pas te changer, c’est comme ça. Je t’aime comme tu es. »
Acceptation qui prend place.
Son plaisir de me trouver radieuse alors qu’il vient de me quitter, alors qu’il doit partir comme un voleur, juste parce qu’on a laissé le temps de dénouer l’interaction, et qu’elle m’a laissé assez forte pour que l’évidence s’impose : je vais montrer le papillon à Stéphane.
Acceptation.

Revenir à ce qu’il n’aurait jamais du cesser d’être : un électron libre qui passe régulièrement dans mon champ gravitationnel.

Et alors, profiter pleinement de lui, de son amour pour moi, de son désir que j’interagisse dans sa vie.
Et alors rayonner à chaque fois qu’il me montre son attachement à moi, son désir d’interagir avec moi, de faire avec moi.

Deux choses à noter quand même.

1/ Sous ses air de fort, d’égoïste insensible, aigle4 est quand même un chevalier blanc doté d’un instinct de magicien.
J’ai cru qu’on pourrait « vivre ensemble », que c’était juste deux crans au dessus que ce qu’on faisait déjà.
Parce qu’il me donnait tout ça : il venait chez moi la moitié de la semaine (proche des 40%), il m’a soutenu, il a anticipé mes besoins.
Et j’avais besoin de tout ça pour affronter la maladie de mon père, sa mort imminente, puis sa mort effective.
Il a été là tout ce temps là, me donnant ce dont j’avais besoin pour continuer à avancer tous les jours.
Il faut croire que durant le process, il a créé un attachement vers moi inhabituel, non volontaire ; et avec candeur, il me l’a offert (en communiquant tous les jours, en laissant des affaires chez moi, en rentrant chez moi après ses soirées, en nous invitant à l’opéra, en m’offrant les cartes). Comme l’adolescent émotionnel que nous sommes tous plus ou moins. Et moi, j’ai additionné les deux : sa présence effective + ses marques d’amour = on va vivre ensemble.
Sauf que non.
Avec mon marchandage, en lui demandant de me parler de lui, de ce qu’il fait, avec qui, j’ai touché des zones d’alertes. Il est entré en défense je ne dois pas considérer comme acquis ce qu’il m’a donné spontanément. ça reviendra. peut être à un taux suffisant pour que j’ai la sensation de le comprendre, mais ça restera une illusion car il n’a pas cet idéal de mélanger ses bonheurs, de se partager, d’inclure ses motivations les unes aux autres.

2/ Si j’ai un idéal d’avoir des partenaires qui partagent, j’ai moi-même du mal à partager.
Je sais ça depuis longtemps, cette difficulté à mélanger les groupes, les gens d’origine différente. Cette difficulté à être soi. Je n’agglomère pas autour de moi : je me greffe à un existant. à des existants.
Sensation ainsi hier, alors que j’ai invité le petit menuisier chez moi, d’être accrochée à ses initiatives.
Et je vais quand même pas lui reprocher, à mon aigle, de faire pareil ( '  ̄ ∀ ̄)
C’est un point à réfléchir. Je le sais.
Mais plus tard.

Là, j’ai 4 jours dont 3 de rando à organisé avec lui.

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