Mon guerrier est rentré se mettre au chevet de sa belle.
Je songe au fait que Dae ne semble pas une fille très solide. Sur, elle va mieux depuis un an, depuis cette relation qui lui fait découvrir notre monde de liberté responsable. Mais elle reste en limite, en frontière.
Et j’ai complètement négligé ce qui c’est passé il y a déjà plus d’un mois, à la dernière soirée. Pourtant, elle me l’a raconté le lendemain.
Pas tout à fait un viol, une zone grise. Mais un abus tout de même.
Avec des vrai morceaux de trucs moches.
Avec le groupe qui soutiens la blague/insulte « elle se plains alors que c’est moi qui fait tout »
Et moi, je regarde mes expériences, et je me dis qu’elle a pas de chance.
Sauf que c’est jamais tout à fait une histoire de chance. Je suis intimement convainque que l’on est l’acteur principal pour induire l’univers à concourir à notre bonheur. Sauf que c’est une conviction sans aucune preuve.
Donc moi, je regarde mes expériences, en face.
Il y en a deux, et elles sont tout sauf traumatiques ! !
La première, c’est mon anarchiste qui est rentré dans le lard d’un « pointeur », en claquant, et en faisant la police « T’as pas entendu ? elle a dit que non ! »
Sur le coup, je l’ai mal pris (et puis, je jouais une partie que j’avais tellement répété en amont : j’étais presque heureuse de pouvoir exprimer ma colère ! ), je m’en suis pris à lui. En mode « c’est pas à toi de me défendre, je sais claquer moi aussi ». J’ai joué que j’étais furieuse de son intervention. Et ça m’a fait un bien fou.
Parce que en effet, j’avais sous-estimé le risque, et en effet, il est probable que l’intervention était plus que justifiée. Et qu’une partie de mon cerveau le savait, et avait besoin d’un coup d’éclat pour évacuer la peur de l’incident qu’on a frôlé.
Et lui de confirmer, une heure plus tard, quand on débriefera, à me dire « j’ai vu des filles plus expérimentées que toi se faire avoir. C’est des pointeurs : ivres de désirs, ils zappent l’absence de capote, et éjaculent immédiatement, avant que tu réalises qu’ils ont enfreint toutes les règles. ». Il a mis des mots sur le risque pris.
J’ai frôlé la rupture de consentement, mais elle n’a pas eu lieu. Elle a même donné lieu à quelque chose de très chouette, où j’ai joué avec les deux qui sont restés après ça : ceux qui avaient accepté que cet incident arrête le flow, qui étaient restés juste à discuter, sans enjeux. (ou comment ils ont eu ce que j’ai refusé en bloc à ceux qui l’ont demandé trop tôt)
La deuxième, c’est samedi soir. Aux abysses.
J’en ai encore des frissons, et c’est pour graver ces souvenirs quelque part que je prends le temps d’écrire ce matin.
(adieu productivité, déjà que j’ai passé 45 minutes au téléphone avec ma soeur ! ! )
Comment je me suis fait draguer, séduire dans les grandes largeurs.
La soirée de Dae est explicitement sexuelle : c’est fait pour et la playroom est installée pour. Donc la fois où j’y suis allée, j’ai pas couché.
La soirée de samedi n’est pas orienté sexe. Y’avait juste des matelas dans un coin.
A y repensé, ils ont été deux, samedi soir.
Le type en robe bleue.
Y’a tout un tas de gars en robe et jupe à ces soirées, et c’est un des trucs que j’y aime, cette banalisation, la dégenrification des costumes. C’est important.
On s’est croisé, plusieurs fois dans la soirée.
Et si tu revois quelqu’un, c’est également que ton cerveau a choisi que cette personne là valait qu’on y porte attention.
Mais avec lui, c’est pas allé plus loin.
C’est pas très juste, l’autre avait un certains nombre de privilèges. Dont il ne s’est pas spécialement servis pour draguer, mais comme toujours, les privilèges donnent l’assurance, et c’est parfois le coup de pouce qui fait la différence.
Bref.
Tout en silence parce que l’environnement sonore est déjà saturé. Langage non verbal explicites. Invitations successives.
Monsieur bulle va me mettre entre les mains la corde à grosses bulles. A peine un conseil, et déjà, je suis émerveillée. C’est trop beau pour le pas être partagée, je fais tourner, avec même un conseil donné à celui qui reprend les rênes : « ne pas vouloir aller trop vite »
Et puis, les flammes dans mes mains jointes. Grosse bulle.
Et enfin, la spirale.
Ces environnements de geek où l’on capture des fascinations conjointes : celles pour un objet aux propriétés mécaniques inhabituelles.
Il sort donc "de sa poche" son dernier tour, ce bracelet qui tourne en montant et descendant sur les bras et les mains, qui se transmet de main en main. Je le prends, j’admire je suis subjuguée, je le rends. Il va me le redonner, et me le redonner encore, et jouer avec moi. Contact. J’ai envie de rester en sa présence.
Invitation à une pause clope. l’environnement sonore y sera peut être plus propice à l’échange de parole ? Non, pas vraiment. Et puis, il a pas l’air beaucoup plus doué que moi sur ce terrain là. Alors.
La spirale sans fin continue de passée de mains en mains. Repassant toujours par moi. J’en trouve la soudure. Les autres prennent l’objet, le testent, le rendent en le trouvant formidable ou exaspérant, il le remet à mon bras et je rejoue immédiatement avec.
Je vais le passer au photographe et son amie russe, à une fille qui est venue avec nous, à une autre qui nous demande car elle est fascinée, mais qui va nous le rendre très très vite. Je vais même le passer à mon guerrier, qui est venu me prévenir que fatigué, il va se poser s’endormir dans un coin.
Évidence.
La relation amoureuse entre nous deux est visible, et je ne la cache pas. Je suis même heureuse qu’elle est été ainsi mise en évidence. Mais cela me met immédiatement dans un espace d’incertitude : l’intervention de mon guerrier est du type à réprimer les initiatives d’un séducteur, je le sais. Et celui-là...
Réaliser alors que je suis en séduction, moi aussi. Que j’ai envie de savoir si son intérêt pour moi est réel. Envie de réciprocité.
C’est une de ses connaissances qui va nous donner l’amorce. « Il utilise ce truc pour draguer ! ». Regard interrogatif. Je réponds avec un enthousiasme amplifié par l’intervention du guerrier. « Et ça marche ! »
Explicitation.
Oui, tu me dragues, et oui, j’aime ça, ça me plait, je reste aimanté par ta présence. Explicite non verbal : oui, tu peux aller plus loin.
Il m’embrasse, avec une fougue qui me surprend pour ce type que j’avais pris pour un timide ou qqun de posé. Je réponds sur le même ton.
L’après midi même, je ne savais pas ce que j’allais faire de ma soirée, avec qui j’allais la passer. On était resté très ouvert. Je pensais que ce serait mon guerrier qui me fausserait compagnie, avec une des deux burners qui lui manifestent tendresse. Et finalement, c’était moi qui était dans les bras d’un nouveau.
Plaisir brut.
A partir de là, je me mets à planer complètement. Je laisse mon corps se faire envahir de phényléthylamine et toutes les hormones de la rencontre, du désir naissant. Et c’est fichtrement bon. D’une intensité rare. Probablement décuplé par la musique trans et la DMA même si il est maintenant plus de 4h.
Mon seul regret est de constater à quel point je laisse l’initiative à mon partenaire. Jusqu’à ce bout de canapé que je vais regarder avec insistance, mais c’est lui qui engagera le mouvement.
Bon, des initiatives, j’en ai eu quand même. Me coller à lui, passer mes mains sous sa chemise (si les armoires à glace restent mon style de prédilection, les corps fin me plaisent beaucoup aussi). Et en fait, le simple fait d’avoir une nouvelle peau à parcourir, avec le consentement (ou plus exactement l’expression du plaisir) de son partenaire est grisant en soi.
Mais oui, il est là, l’échange premier ! ! ce que j’offre à mes partenaires, avant tout, c’est la possibilité pour eux de parcourir ma peau (et plus si affinité), avec bien plus que mon consentement : avec mon plaisir. Et si c’est grisant pour moi,
pourquoi cela ne le serait pas pour eux ? pourquoi ce plaisir là ne pourrait-il pas se suffire en lui même ! Et il n’a rien d’égoïste ! ! pas même pour la personne qui reçoit les caresses !!
Glisser un genoux accessible. Libérer mon soutient gorge. Oui, des initiatives j’en ai eu, en fait.
Logistique.
La voix de mon anarchiste s’impose : j’ai envie de coucher avec lui, il faut que je m’en donne les moyens. Ce soir ou plus tard, mais ce soir vaut mieux ! Mon guerrier n’est rentré chez aucune des burner, il dépend de mon apprat, mais pas de moi, c’est pas un problème !
Brève hésitations sur l’idée que l’on puisse se revoir. Désillusion. Il habite encore plus loin que Lyon, et je pars en vacances la semaine prochaine. Non, c’est maintenant qu’il faut sauter sur l’occasion, ne pas remettre à plus tard !
Alors, mon initiative principale : se diriger vers les matelas.
J’y retrouve mon guerrier. C’est quoi ton programme ? Je crois qu’il vont poser la question tous les deux. C’est à M. bulle que je répond « J’ai envie de coucher avec toi ». Verbalisation d’une évidence : il confirme que le message non verbal était largement passé. Mais l’explicite verbal est tellement plus fiable comme base !
Je renvoie mon guerrier chez moi : il dors sur place, et il est 5h, les métros sont de nouveau en route.
C’est drôle comme il me le racontera plus tard, persuadé qu’il a pris l’initiative de rentrer, alors que je m’en voulais presque d’avoir joué d’une forme de manipulation « Tu peux rentrer si tu veux ».
En fait, sa présence n’était pas problématique, mais j’avais envie de ma rencontre, pas d’un plan à trois, et puis, il dégoulinait de fatigue, et ma proposition était principalement nourrie de ça, et pas vraiment du désir de l’éloigner
Il prend le temps de se présenter, « profitez-bien ». Si le contexte poly n’était pas déjà clair, il est flagrant ici. Merci mon amour.
Logistique.
Aller chercher mon sac, rendre les affaires, guider vers le métro, dernier baiser. Et me voilà prête à sauter à l’eau, m’immerger dans les profondeurs.
Plaisir brut, niveau deux.
Cet article est déjà long, j’aurais jamais la niak de reprendre sur Dea, sur cette injustice : elle se fait abuser par un type qui considère son plaisir comme un droit, qui squatte au delà de son consentement. Et moi, je me retrouve sous les attentions… comment décrire la progressivité, la délicatesse, la recherche permanente du maintient du consentement, les sollicitations non répétées, la tendresse, le renouvellement…
Logistique.
J’avais posé mon sac près de nous. Il y avait des capotes et je les voulais à portée de main.
Je ne les ai pas sorties. Mon plaisir était déjà faramineux. Et je suis pas sûre que le sien ait été si amoindri par l’absence de coït.
Merci.
Merci pour cette nuit, ce matin. Le jour qui se lève sur notre langueur tactile.
J’ai même pas son nom. Deux initiales et un titre.