Cendre

Fatigue

mercredi 29 janvier 2014 à 11h56

J’ai pas long, une quart d’heure tout au plus, mais me l’accorder, celui là.
A moi.
Rien qu’à moi.

Et voilà, j’ai les yeux qui chauffent.
Me semblait bien que c’était pas si loin, juste sous la surface, juste sous la fatigue. J’ai pas assez dormi, certes, mais si je reste à poireauter devant mon ordi jusque deux heures du mat, même quand j’ai fermé le jeu pour justement pas rester jusque deux heures du mat, c’est que je suis en fuite.

Précipitation.
(transformer en solide les élements qui jusque là étaient dissous, et ce très rapidement)
Alors ok, c’est pas le bon moment. Vu que ça fait un mois et demi que j’attends cette date, ce RV avec son psy.
Mais en même temps, jamais ce n’est le moment.
Jamais.
C’est toujours brutal.
Alors demain, aprés-midi et soirée avec mon amoureux, comme prévu, et lui ira avec son frère, comme il l’a si gentiment proposé. Et si dans ce comité réduit (son frère et le couple qui est le plus proche de nous) il y a des choses qui sont dites, ce serait un bien.
Même si je me justifierais sur la défensive.
Même si c’est allé trop loin et que j’ai pas vu la dérive.
Aimé va trop mal pour justifier mon comportement, quelqu’il soit.
D’autant plus un comportement réprouvé par la morale, mais ne le serait-il pas, que ça poserait le même problème : pourquoi est-ce que je persiste alors que je vois tous les jours combien ça le détruit ?
Parce qu’y renoncer serait me détruire moi.
Je me privilégie.
Moi d’abord.

Je me hais.

« Je vous aime et vous deteste à la fois, le problème c’est que tu es dans les deux »

En mars, j’étais trop contente qu’il me dise qu’il servait à rien d’arrêter d’aller en café poly. mais cela aurait servi à quelquechose : je j’arrête d’avancer à mon rythme qui n’est pas le sien, que j’arrête de creuser l’écart entre nous, l’écart de morale, les notions de respect, de fidélité, de reconnaissance des besoins et des limites de chacun (mais d’abord des siennes propres), je l’aurais peut être plus intégré à mes constructions, je l’aurais peut être convaincu à lire quelques ouvrages, à envisager la chose pour lui.
Au contraire, j’ai continué, c’est à dire continuer de l’agresser à chaque nouveauté, à chaque pas, même infime, que je faisais, réduisant à chaque fois d’autant son envie de me suivre, de céder.

Et là, je l’assassine.
Samedi, il propose une négociation.
Dimanche, il revient dessus en revenant sur le choc, la douleur. Je lui parle de la soirée, de ma possibilité de renoncer.
Lundi d’humeur massacrante, manque de sommeil tous deux, on évite le sujet. On partage de la cuisine mais c’est du semblant.
Mardi TaïChi, l’échéance approche. J’ai songé 20 fois à renoncer pour lui, que cela ne lui ferait sûrement pas de bien, que cela me ferait du mal, mais juste, lui épargner cette douleur là. Mais non. Moi non plus, je ne veux pas céder. Et puis, ma relation avec Jee a besoin de ces heures.
Mais c’est avant tout idéologique.
Je l’assassine.
Je lui demande mon jeudi soir alors que je sais que je l’assassine en lui disant ça. Que c’est une façon de dire : ça devient trop étouffant de vivre avec toi et cette douleur que tu traînes, j’ai besoin d’air, de m’éclater avec d’autre. Et d’oublier au passage que c’est exactement ça la source de douleur.

Je me hais.

-