Cendre

J'essaye de me mettre à sa place

dimanche 5 janvier 2014 à 18h06

Il a trouvé une comparaison intéressante, que je vais essayer de filer dans mon propre imaginaire.

Imaginons que je l’aime, profondément, depuis longtemps.
Et que, depuis un an, il ait trouvé un nouveau hobby qui me crispe : un prosélyte pour qui je n’ai aucun respect l’a convaincu de se convertir à sa religion.
Depuis, c’est l’horreur : il ne parle plus que de ça, il est persuadé que son bonheur ne peut venir que de là, il passe un temps fou avec ses nouveaux condisciples, et pire, il a décidé, depuis que je lui ai dit que cela me plaisait pas, cette histoire, que c’était parce que j’étais pas convertie moi même, que je passais à coté de la chance de ma vie d’être touchée par la grâce comme il l’est lui-même.
Qu’est-ce que je ressentirais alors ?
Je serais déçue qu’il se soit laissé convaincre par une communauté que je n’estime pas, qui véhicule des valeurs qui ne sont pas les miennes.
Je serais blessée qu’il ne partage pas cela avec moi (et en même temps, je fais la gueule à chaque fois qu’il m’en parle, et je suis choquée à chaque fois qu’il essaye de m’emmener)
Je me sentirais exclue d’une partie de sa vie.
Je serais jalouse de son bonheur, et serait persuadée que c’est un bonheur malsain, artificiel.
Je serais aigrie, lassée de nos discussions houleuse, je commencerais à perdre de l’estime pour lui et dans le lot, de l’estime de moi d’être autant attachée à quelqu’un qui partage si peu mes valeurs.
A quoi bon, si on ne partage pas les mêmes convictions, si ce qui le rend si heureux, si fier de lui ne m’inspire que du mépris ?
Que je le change, le ramène de mon coté ? de force ? ça rimerait à quoi ?
Que je me change, que je cède, me laisse convaincre… Et mon libre arbitre là dedans ? Déjà que je suis pas fière de moi, c’est pas en cédant que j’améliorerais quelque chose.
Que je refasse ma vie sans lui ? Mais non ! je l’aime, je ne cesse pas de l’aimer à cause de cette histoire. Je voudrais juste qu’il retrouve un semblant de raison et qu’on puisse revivre tout les deux tranquillement sans cet éléphant entre nous dans le salon. Sauf qu’il me dit que c’est pas possible, un an, il dit qu’il est sûr, que c’est comme ça que sera sa vie et pas autrement.
Il me dit que nos disputes le fatiguent, qu’il ne pourra pas continuer à supporter mon mépris de ces pratiques longtemps, que si je reste avec lui, c’est pour vivre avec celui qu’il est devenu, qu’il ne redeviendra plus celui qu’il était. Et qu’il faut que je m’adapte.
Et lui ? il s’adapte pas, non. C’est trop important pour lui, il a la foi. C’est comme ça et pas autrement. Je fais avec le sourire ou je me casse. Parce que je ne suis plus indispensable à son bonheur, qu’il peut être heureux sans moi.
Alors que lui, il était indispensable à mon bonheur...
Je ne peux pas être heureuse sans lui, ni avec lui.
Je ne sais plus quoi faire et par mon aigreur, mon mépris et ma souffrance je lui gâche la vie. Pas autant que je détruit la mienne.

Voilà, je me suis incarnée.
Je connais très très bien ce cercle vicieux de la dévalorisation, c’est tellement facile d’en tirer les ficelles, de voir, qu’effectivement, je pourrais, moi aussi, dans une situation pareille, me laisser bouffer par le néant.

With or without you
I can’t live
With or without you

Je te jure… fonder une relation sur cette chanson, nous étions inconscients ?

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