Voilà,
En entreprise, une sensibilisation à la santé mentale.
A destination des citoyens. Quoi faire, à notre petite échelle de collègue qui ne sommes ni proche, encore moins confident, mais inquiet quand même.
Déjà, hier, sur les enfants qui "jugent moins", j’ai senti la taccicardie monter.
Mais là.
Autant le film (Et toi, ça va ?), j’ai été insensible. Peut être que je l’ai vu venir, peut être que c’était au début, avant que je sache que Wadii et Stéphanies avaient vécu des dépressions. Peut être parce qu’on avait un exercice actif : noter les signes et les symptômes (une quarantaine j’ai noté, mais il m’en manquait un peu)
mais à la fin, après avoir parlé, après avoir raconté combien une collègue qui me dit "ah, je suis contente que ton couple aille bien, je m’étais fait du soucis", que la formatrice mette les mots "ce n’est pas passé inaperçu" j’importe à qq’un, j’importe à une collègue pourtant d’un autre service.
Oui, ça fait du bien. Et le retour, une peu plus tard. "Est-ce que ça va mieux". Oui, ça fait du bien.
Bref, peut être que ces deux heures m’ont mis à fleur de peau.
Mais à la fin, un petit texte idiot, sur un exemple idiot qui ne me ressemble même pas : un ingé d’une petite ville perdu suite à son déménagement, qui arrête de s’investir dans son projet, qui arrête d’aller prendre des pots avec les collègues. Bref. Rien à voir.
Mais pendant que Wadii lisait, le souvenir est revenu en plein.
J’ai 15 ans. je suis en première. je ne mange pas le matin, je ne mange pas à midi. Je me sens tellement mal dans le groupe qui joue au tarot ou fume des joints. Ils m’ennuient, ne m’intéressent pas. Je veux plus les fréquenter.
Et elle vient. elle débarque dans mon environnement. Me propose de manger avec moi, me réinvite régulièrement, me parle de son livre et de son éditeur. Ses cheveux court, son optimiste, elle ne se vexe pas quand je la rembarre. Elle revient.
Et pendant que Wadii lisait, le souvenir revient en plein, et les larmes avec que j’envoie dans mes dents sur mon doigts.
Alexandra demande "qu’est-ce qu’on fait si la personne ne nous écoute pas, ne pas voir son médecin"
Je réponds : "on répète, on continue. J’ai mis 15 ans"
C’est même pas vrai.
J’ai mis beaucoup, beaucoup plus de 15 ans.
J’ai des épisodes de dépression sévère depuis que j’ai 15 ans, je suis traitée que depuis l’année dernière, et diagnostiquée bipolaire de type 2 (bipolaire à tendance dépressive) seulement depuis quelques mois.
c’est pas 15 ans.
C’est 25.
Et le temps n’arrange pas les choses. Au contraire.
Ma santé mentale actuelle n’est pas mauvaise. Mais je suis fragile, il faut que je maintienne une hygiène de vie. Et je déteste les contraintes, mais c’est ça ou replonger, perdre le contact avec mes émotions, tout couper. Couper pour ne pas souffrir, me réfugier dans un speudo rationnel qui éteins tout.
Non.
J’ai vécu trop d’hyppomanie heureuses pour laisser faire, pour que ça revienne sans que je ne fasse rien.
Je dois lutter.
Pour moi.
Parce que je me le dois.