C’est ça que je pleure ce matin
J’ai mis du temps à comprendre.
Les larmes se sont mises à couler en arrivant à la gare, je finissais mon livre : Les trois médecins Il me reste quelques lignes à peine avant d’arriver au bout.
J’ai d’abord prétexté le texte lui même, comme j’avais déjà commencé hier matin. En déroulant l’intrigue, j’ai perdu la connexion empathique avec le héro : lui qui me ressemble tant, la narration donne une explication, Nox l’inoxydable est devenu ainsi par défense, la vie lui a pas fait de cadeau. Alors que moi, je suis comme ça, sans drames dans ma vie, juste comme ça…
Puis j’ai pensé à la discutions d’hier, les discussions, et l’absence de discussion.
Le partage à trois est toujours une merveille, mais là, pour le coup, j’ai l’impression qu’aucun de nous trois n’était en forme. A défaut de parler de moi avant, on en a parlé après, parce qu’en effet, l’intérêt d’un psy, c’est pas de se faire mousser comme je l’ai fait il y a 15 jours, mais bien d’aller gratter là où ça fait mal, c’est-à-dire dans le fait qu’Aimé met sont intégrité mentale en jeu dans notre relation, ça et le fait qu’aucune relation n’est exempte de relation de pouvoir...
Et même si j’ai fait traîné hier soir pour donner l’espace à une éventuelle discussion, il n’y en a pas eu. Aimé va mal et je le sais et je ne sais pas quoi y faire.
Mais ces larmes là n’avait pas ce goût là, c’était vraiment un goût autre.
Et c’est en laissant mon esprit vagabonder que je me suis rendue compte :
Je t’ai rencontré un vendredi 8 février 2012.
Quand j’aurais fini ce livre, il ne me restera plus rien de toi.
Et ce n’est pas tant la perte elle même de notre relation que je pleure, non, ça, je l’ai pleurée, en 12h seulement, un jeudi début septembre. Mais le constat de ce que je refrène, de ce que j’ai retenu. Le peu que je me suis permis de vivre avec toi, le peu que je me permets de vivre aujourd’hui avec les poly, tout ce qui me semble si dérisoire comme sacrifice, comme effort, quand je me place du point de vu de mon Aimé, tout cela remonte.
Ce matin encore j’envisageais de rentrer directement à la maison lundi prochain.
Larmes silencieuses parce que je suis en train de terminer un livre qui n’est même pas triste.
Qui j’essaye de convaincre en clamant que je vais bien ?