Je ne sais pas encore comment, pourquoi, mais dimanche soir, je me suis retrouvée à nue. Sans égo, sans estime de moi, sans confiance en moi, sans existence, sans légitimité, sans libido, sans envie de vivre. Juste les larmes de mon incompréhension de ma présence sur Terre, juste ma volonté de disparaître et de faire disparaître de tous mes proches le souvenir de mon existence.
En parallèle, alors, la peur d’influencer mon compagnon en présence. Ce type de comportement est terriblement déstabilisant, je le sais. Il a un pouvoir manipulatoire très fort. On peut demander n’importe quoi, à ce moment, là, et l’obtenir. Je me détestais encore plus pour ce pouvoir dont je ne voulais pas. Et si je ne me suis pas jetée par la fenêtre, c’est parce que j’ai pensé à ceux à qui je manquerais, et dont je ne pourrais pas effacer les souvenirs, les regrets et les remords.
Alors, bien faire attention à surtout ne rien demander. Rien d’autre que de l’amour et de la tendresse pour redevenir un peu légitime dans l’univers.
Il me l’a donné et rien d’autre.
Good.
J’ai fini par demander 15 jours d’abstinence, pour que les questions qui avaient provoqué cet état ne reviennent pas trop vite, ne reviennent surtout pas avant que mon égo ne se soit reconstruit. Je ne savais pas combien de temps cette reconstruction allait prendre.
Elle a pris 48h, a peu près. Dont 4 à préciser mon système de prophylaxie, dans sa globalité.
Certes, ça aurait été plus long si mon boulot ne m’avait pas permis de prendre ces 4h.
Mais quand même, je suis impressionnée que cela soit revenu si vite (en regard des 15j de tranquillité que j’ai demandé)
Je vais quand même garder les 15j, parce que je me les étais donnés, non seulement pour mon compagnon en présence, mais également pour mes autres partenaires potentiels : avoir un temps trop court qui ne les aurait pas concernés, c’était planquer sous le tapis la question au cœur du problème : qu’est-ce que la confiance dans un milieu de sexualité multiples ?
Donc aujourd’hui, 3 jour ½ plus tard, j’ai de nouveau confiance en moi, en ce que je décide, en ce que j’ai toujours fait.
J’ai relu mon mail du 21 juin. J’ai compris pourquoi un rapport avec une femme trouvait difficilement sa place dans le schéma que j’avais esquissé alors. J’ai complété le schéma, avec une échelle de 1 à 1000, en donnant la place à je ne sais quelle pratique nouvelle qui pourrait s’ajouter. Je suis heureuse de constater qu’il n’a pas beaucoup changé (même si je dois avouer que déplacer certaines pratiques, accepter qu’elles constituent plus de risque que je ne l’imaginais, n’est pas exactement facile, et résister alors à la tentation de faire baisser artificiellement le risque associé à toute la case...)
Et ainsi, mieux saisir comment je ne vois pas de problèmes à ce que mes partenaires aient autant de partenaires de niveau 50 qu’ils le souhaitent. Comprendre alors qu’une personne immuno déprimé fixe spontanément ce seuil à 10 plutôt qu’à 50. Et qu’on va pouvoir sûrement négocier un compromis à 30 sur un nombre de partenaires connus. C’est à dire ne pas prendre la case 32 en entier.
Je soupire déjà.
Mais à camper chacun sur nos positions, en hurlant « je vois pas le problème, on est pourtant d’accord ! », c’est faire l’autruche…
merci Shamal pour avoir mis ce comportement d’autruche en évidence chez moi, même si tu parlais du grand John à ce moment là ( ^ . ^ )
Autre point de compromis.
Accepter l’autoréalisation de mes peurs.
J’ai peur que les discussions qui touchent à la protection des rapport tournent mal ? donc elles tournent mal.
Accepter qu’elles ne tournent pas mal entre d’autres personnes. Que j’en suis donc responsable.
Comprendre comment.
Parce qu’elles touchent à quelque chose que je considère comme très intime : le récit d’une relation sexuelle. Parce qu’il y a deux ans, un récit du genre « on a papoté, on a fait des galipettes, elle est restée dormir » je trouvais ça d’une extrême confiance et en était émue aux larmes. Parce que j’ai l’impression que je donne 100 fois plus de détails que ça et que ça ne suffit pas, qu’il faudrait que je dissèque tout pour monter à 200.
Et pourquoi je dois disséquer ?
Parce que je refuse de dire « J’ai mis un bout de plastique entre nous et il y en aura tout le temps »
J’ai bien compris que pour mon compagnon, il y a cette association : présence de plastique = risque de niveau 10 = j’ai pas besoin de vérifier/compter etc. Il peut être tranquille. C’est d’ailleurs pour cela que nous avions eu cette tension, déjà, sur le consensus mou : c’était bien pour qu’il soit sûr que je resterais sous le niveau 10.
Alors, accepter, avec humilité, que pour monter au dessus de 10, il a besoin de savoir : qui, à quelle fréquence, quelle prophylaxie.
Pire que ça.
Accepter que pour monter à 30, il est rassuré de savoir que les protections pour redescendre sont connues et pourront être utilisées sans connotation dégradante, sans avoir à aller jusqu’à l’interdiction (abstinence).
Dans les pdf sur la prévention des risques que j’ai trouvé, il y avait régulièrement la recommandation, en cas de traitement suite à une infection : abstinence ou RS protégée. C’est donc un raccourcis fréquemment utilisé.
Et que ne pas lui donner cette assurance que je suis en dessous de 10 avec tous mes autres partenaires crée chez lui ce stress, parce que je lui demande de compter, vérifier, ou d’avoir une confiance transitive.
Et que me découvrir, couche après couche, m’écorcher, pour qu’il voie au fond de moi, dans l’espoir qu’il trouve sa confiance justifié, n’a fait que détruire mon égo, sans le rassurer pour autant.
Être claire alors.
Oui, avec un nouveau partenaire, je ne prends jamais de risque au dessus de 10. Tu peux avoir confiance en moi.
Mais avec quelqu’un que je vois depuis plusieurs semaines, avec qui le courant passe, j’ai envie de monter au niveau 32, et ce, assez vite (peut être trop vite pour toi). Avec un homme, je peux patienter plus longtemps parce qu’une sexualité protégée est facile, avec une femme, actuellement, je trouve ça trop contraignant de rester en dessous de 10.
J’ai peur que tu trouves ça trop vite, ou que tu trouves le niveau 32 trop élevé. J’ai peur de te le dire, tu sens ma peur, on s’engueule.
J’ai pas compris parce que pour ma part, ma vigilance s’active quelque par entre le niveau 50 et 100. Avant, entendre la sincérité de mon partenaire suffit pour que j’accepte le risque. Je comprends facilement que 100 soit trop élevé pour toi, il va me falloir du temps pour fixer ce que je fais si 32 est trop élevé pour que tu utilises ce type de confiance transitive.
J’ai pas compris parce que il y a deux ans, en quelques mois à peine, nous sommes montés au dessus du niveau 500 entre nous sans avoir à en parler, alors que j’avais un autre partenaire de niveau infini, que tu avais un partenaire que j’estimais de niveau supérieur à 250 (donc en qui je mettais une confiance transitive élevée).
En pratique, sur le schéma actuel, nous sommes montés au niveau 1000, mais je crois que ni toi ni moi n’en n’avions conscience, c’est pour ça que je rabaisse à 500.
Comment voulais-tu que je sache que toi, tu en avais parlé à tes autres partenaires ! Comment en as-tu parlé, à l’époque, d’ailleurs, pour que de ton coté, tu passes au delà de 500, alors qu’en face, on t’avait donné un accord pour du risque 30-150 ? As-tu vérifié que j’en parlais à mon autre partenaire avant de proposer ? Non. A-t-on eu une seule attitude verbale à l’époque ? Non.
J’ai bien l’impression que c’est toi qui a eu un comportement binaire, en mode tout ou rien, en mode « j’en ai parlé, donc on me fait confiance sur tout ce que je souhaite faire. », et que suite à la dérouillée que tu as pris après ça, tu as symbolisé la limite par la présence de plastique ou non… Et que tu redoutes, du coup avec bon sens, que je soit sujette à ce type d’approximation, qu’une fois retirée la présence de plastique, je prenne des risques inconsidérés sans t’en informer.
J’ai bien l’impression que tu fais cette simplification : que sans plastique, on passe de en dessous de 10 à plus de 500 (ce qui est vrai dans presque tous les rapports où un homme est en jeu, parce que c’est vrai pour la pénétration avec éjaculation). Est-ce cela ? Et d’où pourrais te venir ce type de simplification qui donne des règles tellement simples qu’on comprend pas pourquoi elles ne sont pas acceptées ?
J’ai été blessée de la réaction de ton partenaire. J’estime que la violence et l’intransigeance de sa réaction comme cause première de ma peur que ce type de discussions tournent mal.
J’ai été blessée que tu continues de me dire que je dois faire pareil avec un homme ou une femme, alors que ça fait plusieurs mois que je te dis que pour moi ce n’est pas du tout pareil (ni dans les risques, ni dans la facilité d’utiliser les protections).
Et, Tendre Mère !
Comprenez-vous que je trouve huit fois moins risqué un rapport de niveau 32 bien que sans capote (puisque avec une femme) et un rapport de niveau 256, bien qu’il y ait une capote avant les vraies pénétrations ?
Comprenez-vous que je trouve simpliste et peu fiable de faire cet amalgame « présence de préservatif = rapport protégé » et surtout son inverse « absence de plastique = rapport à risque »
Effort en votre direction
Je veux bien entendre que vous ne pratiquez pas de risque de niveau 250, pas plus que moi (même si j’ai constaté des comportements qui m’ont mis le doute, je peux entendre qu’ils n’étaient présent que dans le cadre de l’acceptation d’un risque plus grand).
Du coup, à l’époque où on est monté à 1000, tu étais avec elle au niveau 30-150, et pas vers 300 comme je le croyais. Je comprends encore mieux qu’elle ait mal vécu le décalage, du coup…
Alors, il s’agit de classer ces comportement que j’appelle de niveau 30-150.
Que je trouve les différences importantes, entre 30 et 150, que je les justifie en fonction de la gravité des infections et leur mode de transmission, alors que ce n’est peut être pour vous qu’une seule case, une case à 150, donc. Et 150, c’est un niveau ou moi même j’aurais du mal à fonctionner sur une confiance transitive…