Cendre

Un peu plus que cela, même

vendredi 13 décembre 2019 à 16h30

Voilà,
J’ai fini la passe miroir hier soir.

J’ai l’habitude d’être cryptique dans mes écrits publics, donc ça va pas vraiment spoiler, mais tout de même : cette série est très bonne et mérite d’être lu juste avec un "vas-y, j’ai beaucoup aimé"

Un peu plus que cela, même.

C’est Tétue qui me l’a donné. Cet été, en me disant « cette héroïne, avec ses grosses lunettes, sa maladresse, elle me fait penser à toi ! »
J’ai lu le premier tome avec intérêt.
J’ai lu le deuxième tome avec enthousiasme (genre « tu devrais profiter du soleil dehors ? ok, je vais avec mon bouquin sous la véranda, ça marche, non ? »)
J’ai dévoré le troisième tome avec boulimie.
J’ai constaté avec horreur que le quatrième tome était pas sorti.
J’ai remercié le ciel et tous ses occupants quand j’ai découvert en Christelle Dabos une romancière prudente, qui annonce un tome 4 pour début 2020 alors qu’il est disponible finalement fin novembre 2019. Et la gratitude d’avoir découvert cette série sur le tard, juste au bon moment pour découvrir la fébrilité d’une attente soutenable !
En attendant, je relis les tomes un et deux, pour repasser l’histoire avec ce que l’on apprend plus tard. (Il la traite comme un poisson tropical ! )
En l’achetant, je suis satisfaite que le tome 4 soit un tout petit peu plus large que les autre (j’avais trouvé un 3 un poil court)
J’ai essayé de pas dévorer tout d’un coup (une semaine et demi, ça a tenu, les presque 600 pages. bon)

Un peu plus que cela, même

J’aime l’euphémisme, la discrétion. On ne sait pas grand chose de ce qui relie si fort nos deux héros. Mais ils sont liés, par un lien qu’on appelle amour parce qu’on a pas d’autre qualificatif, finalement.

Je ne veux pas de bon sentiments, je ne veux pas être votre ami

Donc, pas le coup de foudre qui serait évident dès le début. Non. Quelque chose qui se construit. Qui rate et recommence. Qui tente, maladroitement, de réparer. On sait pas grand chose, mais chacune et chacun raccrochera avec ce qu’il a déjà vécu…

La première fois que je vous ai vue, je me suis fait une piètre opinion de vous. [...] Ça restera à jamais la plus grosse erreur de ma vie

Un roman d’apprentissage. (Wikipédia)
Où l’héroïne passe de passive à active, y voit plus clair sur le monde, gagne en maturité, en confiance en soi, en ancrage. Et peut être Thorn, aussi, pas beaucoup plus âgé qu’Ophélie en fait, qui lui aussi, va changer, mûrir…

Un ancrage dans le nous.

ça blesse un peu. C’était l’encrage d’Aimé. Celui qui lui a fait si mal quand je suis partie. "Nous". "pour 3 éternités"

Donc, la fin,
Parce que cette fin n’était pas téléphonée
(c’est pas moi qui le dit : moi, j’arrive jamais à voir la fin à l’avance, mais c’est ce qui disent les commentaires)
Qu’elle me travaille assez pour m’inciter à écrire tout ça, cette fin.

Il m’est impossible de vous arracher à Dieu, mais je peux l’arracher à vous.

Thorn, le si mal aimé. Ophélie veut le sauver de sa si piètre estime de lui-même, qui l’écorche et qui le fait si abrupte pour son entourage (mais qui est réaliste puisqu’elle ne l’empêche pas de traverser les miroirs). Elle se le promet.
Mais c’est Victoire qui y parvient, à calmer ses griffes.
Rattrapé par son humanité quand les chiffres ne s’imposent plus à lui

Zut, je l’aimais bien, sa propension à tout chiffrer !

ça explique aussi le geste de Seconde.

Il y a-t-il prénom plus affreux ? Lady Septima est vraiment dans le clan des méchants

Comme une bobine à l’envers, les pièces du puzzle s’emboîtent, prennent sens.

Et après ?
à chacun de décider ce qu’il en sera de la suite. Bonheur ? boucle ? Aventures ?
Ophélie a retrouvé sa maladresse : car, comme l’apprentissage qu’elle a fait pour corriger, cela fait partie intégrante d’elle, et il n’est pas forcément bon de vouloir s’en défaire. Non. On fait avec (et pas malgré). On se regarde dans le miroir, avec honnêteté, et on plonge dans la vie.

Un peu plus que cela, même

Les vies heureuses et ordinaires n’ont aucun intérêt à être écrites, on le sait, mais c’est aussi rassurant de se dire que le bonheur banal existe, qu’on y aspire, même s’il s’écrit en une seule phrase, c’est pour cela que les bon auteurs savent terminer leurs histoires. Qu’on les aime pour ça. Même quand il y a même pas cette dernière phrase « Ils vécurent enfants et firent beaucoup d’heureux »  ?

Un peu plus que cela, même
 : contrepoint qui va allègrement ponctuer la future relecture.

Mon appui, c’est le pluriels sur le dernier chapitre. Cette construction vers la dualité, la complémentarité.

Les passes-miroirs

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