Cendre

Il me fait complètement craquer

dimanche 25 janvier 2015 à 14h19

Il est gentil, arrangeant, il prend tout bien.
Je lui dit n’importe quoi, il fait avec, il reste tendre, présent.
N’est-ce pas cela qu’il m’a dit, le premier dimanche, ce que j’ai pu vérifier quelques heures plus tard, avec un acuité dantesque, la possibilité d’être toujours "là" ?

Je m’observe, de loin. Je regarde ce petit cerveau de femme tomber sous le charme. Jours après jours. Je l’observe se pincer les lèvres, retenir des mots doux, faire « nanana des manières » comme Célimène.
Elle se veut sincère, franche, réaliste, pragmatique (le coup du trou dans l’emploi du temps que demande un aller retour était caractéristique). Je la taquine doucement ce matin en lui disant qu’elle fait tout pour se faire désirer et j’obtiens un grand sourire, ceux qui ne trompent pas « oui, et alors ? ».
Mais son regard s’agrandit, quand même, quand elle voit mon désir, un peu lionne, de lui sauter littéralement dessus, bien au delà de toutes convenances. Alors elle reprend le dessus, s’affirme. Elle me dit « Tu vois ? tu n’es pas raisonnable. Tu vas blesser du monde. On est pas juste tous les deux, tu sais, on est au moins quatre, si ce n’est cinq ou six, dans la balance. »
Elle sourit encore. Elle m’aime aussi. Avec cette même indulgence, cette même patience, avec laquelle elle affectionne entourer ses amoureux. Je fais parti de ses amoureux, elle me ménage comme les autres, et essaye de garder, pour chacun d’entre nous, des espaces où l’impériosité de nos désirs peuvent s’exprimer.

Je crois que c’est ça qui la fait triper, ce petit cerveau de femme si calme, si analytique, là où elle prend son pied, c’est d’observer le potentiel créatif d’Éros. Et quand la vague est suffisamment puissante, s’y laisser porter.

Comme ces vingt-quatre heures avec le chat noir, en impro totale, de sOem aux crèpes.

Mais va savoir pourquoi, elle estime que vingt-quatre heures avec cet autre oiseau du nord n’est pas à l’ordre du jour encore.
Je piétine un peu. Tente de négocier. Je promet d’être sage. Je veux juste le serrer dans mes bras, m’enivrer de son aura, nous allonger, partir explorer sa peau. Juste.
Oh...
Je vais trop loin déjà ? Je me soumets, puis me laisse emporter par une vague de contestation : Mais ce sont les plus belles minutes dont tu nous prives !
« Comment ? me répond-elle, ton désir est donc si peu fiable qu’il n’est pas sûr de pouvoir réaliser bonheur équivalent plus tard, quand les circonstances seront réunies ?  »

Elle a gagné, je plie.
Moi aussi, je vais ronger mon frein en silence.

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